Les inondations à Valencia

En ce début d’automne 2025, c’est une nouvelle goutte froide intense qui a touché Valence et ses alentours, provocant des inondations (heureusement sans conséquences dramatiques comme en 2024)

Traditionnellement, la communauté valencienne est frappée par des gouttes froides (DANA), lors de la période automnale.

Avec le réchauffement climatique, elles sont plus fréquentes et plus dévastatrices.

Sous cette goutte froide, il est classique que de violents orages très pluvieux se forment.

Ce fut le cas fin octobre 2024, avec en plus la formation d’un orage en V. Ce type d’orage est chargé d’humidité, stationnaire et s’auto-alimente.

Se déverse alors des précipitations diluviennes sur un secteur localisé. Et ce, plus longtemps et de manière bien plus intense qu’un orage classique.

Le problème des barrancos dans la Communauté Valencienne

En ayant vécu plus de 10 ans à Valence, et ayant assisté à plusieurs gouttes froides, il est assez facile de connaitre les zones inondables.

Le journal El Diario a publié une carte des zones inondables en Espagne. Elle tient compte des inondations des 100 dernières années.

On peut trouver une carte similaire sur le site officiel du Ministère de la transition écologique (celle ci remonte jusqu’au 500 dernières années). Pour voir la zone inondable, il faut choisir l’icone en goutte d’eau, puis gestion riesgos inundación, cartografia zonas inundables.

Cependant si on remonte au-delà, on peut étendre les zones inondables de part et d’autres des barrancos (ravines).

Par exemple, si l’on prend le cas de Massanassa, Catarroja ou Paiporta. Elles n’apparaissent pas en zone inondable sur la carte, pour deux raisons :

• La carte inclut que les inondations fluviales et maritimes, mais pas les inondations pluviales (celles qui sont liées à la configuration du tissu urbain, par exemple la capacité de son système d’égouts). 
• Elle se limite au 100 dernières années.

Mais si l’on va sur le terrain, on peut constater que ce sont des villes à risques et sujettes à des inondations.

Le secteur d’Alfafar (Ikea) est souvent sous les eaux, lors des orages torrentiels. Il se trouve dans une cuvette et sans système d’égouts efficace.

J’ai déjà visité des biens à Massanassa. Dans certaines rues proches du barranco (ravine), il y a des secteurs où de nombreuses maisons ont leur porte d’entrée calfeutrée par une planche amovible, pour éviter que l’eau rentre en cas d’inondation. 

De même, j’ai habité sur l’urbanisation San Martin/Maravisa à la Pobla de Vallbona. Sur la carte, elle n’apparait pas comme zone inondable. Mais on sait très bien que lors de forts orages, avec l’absence de système d’égouts, la pluie torrentielle ruisselle dans les rues en pente et forme une zone inondée dans les cuvettes  (notamment en bas du Décathlon, calle Fuente de la Cortina).

Si l’on regarde la carte, on constate que de nombreux barrancos passent en pleine zone urbanisée. En temps normal, cela ne pose pas de problème. Il pleut rarement dans la région valencienne, et la majorité de l’année ses barrancos sont à sec.

Et lorsqu’il y a des petits orages ponctuels, ils peuvent absorber le débit de l’eau. C’est plus problématique par contre, lors d’une grosse goutte froide (DANA). Ils ne sont pas faits pour contenir un tel débit, et forcément cela déborde.

Le problème de l’urbanisation

Les conséquences sont dramatiques à cause de l’urbanisation anarchique.

Cela peut paraitre incroyable, mais jusqu’en 2016 en Espagne, il n’y avait pas de carte indiquant les zones inondables (Zonas de Flujo Preferente). On pouvait donc construire sans vraiment savoir si l’on était dans une zone à risque ou non.

Avec également, la mansuétude des municipalités et des communautés autonomes.

Le bon sens voudrait que, lorsque l’on habite à proximité d’un cours d’eau (même ponctuellement asséché), on soit en zone potentiellement inondable.

Comme on peut le voir sur la carte, ce n’est pas forcément le cas.

L’efficacité de la déviation du Turia

Le bilan officiel de la DANA du 29 octobre 2024 est de 237 victimes en Espagne (229 dans la province de Valencia). Mais cela aurait pu être bien pire sans la déviation du fleuve Turia.

Dans les années 50, Valencia fut déjà durement touchée par une grande crue. Le Turia ayant débordé dans la ville et faisant d’énormes dégâts et de nombreuses victimes.

En 1969, on a détourné le fleuve, laissant place aux jardins du Turia à Valencia dans l’ancien lit du fleuve.

Cette déviation est faite pour absorber un débit de 4000 m3 par seconde. Elle mesure en moyenne 250 mètre de large et 7,5 mètres de profondeur. L’ancien lit du Turia, c’est 160 mètres de large et 4,5 mètre de profondeur.

La déviation a parfaitement fait son office lors de l’épisode orageux du mardi 29 octobre 2024. Elle a empêché Valence d’être inondée, avec les conséquences que l’on imagine. Depuis 10 ans que je vis à Valence, c’était la première fois que je voyais la déviation remplie à ras bord.

D’habitude lors d’une goutte froide classique ou d’un épisode orageux sur la région, on voit à peine léger filet d’eau qui coule au milieu. C’est dire l’intensité des pluies depuis mardi.

Problème d’organisation en cas d’inondation

Le 29 octobre 2024, il y a eu de nombreux problèmes d’organisation, de prévention et d’éducation.

D’ailleurs une enquête est en cours pour déterminer les responsabilités. Il en ressort que le président de la Generalitat, Carlos Mazón et son équipe ont clairement fait preuve d’incompétences.

Ainsi, alors que l’AEMET (le service météorologique espagnol) annonçait dès le mardi 7h00, l’arrivée d’une forte DANA sur la région de Valence et une alerte rouge, il a fallu attendre le mardi soir à 20h00 pour obtenir une alerte officielle sur les téléphones mobiles et une autre mercredi matin à 7h00.

Alerte envoyée par la Generalitat de la Communauté Valencienne, qui est responsable de gérer ce genre de situation.

Il était déjà trop tard. Des anciens se sont retrouvés bloqués dans leur appartement en rez-de-chaussée, des conducteurs piégés dans leurs véhiculesou dans les parkings souterrains. Avec les conséquences que l’on connait.

Avec plus d’anticipation et de prévention, on aurait pu éviter de nombreuses victimes.

Notamment en conseillant aux gens de ne pas sortir pour essayer de sauver leur véhicule, de ne pas aller sur les ponts ou passerelles pour voir les cours d’eau en crue, de ne pas se rendre sur leur lieu de travail, ou de simplement se mettre à l’abri en hauteur.

Lors de la première DANA de fin septembre 2025, les autorités espagnoles ont prises quelques mesures nécessaires : notamment avec une alerte plus rapide, et quelques aménagement des barrancos. Mais il reste beaucoup à faire et une grande majorité des valenciens demandent le départ de Mazón.

On sait qu’à Valence, il ne pleut pas souvent, mais lorsque cela pleut, c’est souvent intense.

Il faut donc prévoir en amont les conséquences de pluies diluviennes. Quand bien même, cela ne sert à rien en temps normal.

Apporter son aide

Un grand élan de solidarité s’est mis en place en 2024 pour aider Valence et ses sinistrés. Rien de plus normal, lorsque l’on connait l’Espagne et les espagnols.

L’entraide est une valeur très importante en Espagne.

De nombreux valenciens ont mis la main à la pâte pour aider à nettoyer les rues et les maisons, déblayer les accès, rechercher des disparus, ou fournir du matériels de nettoyage, des vivres, des vêtements.

Malgré tout, près d’un an après la catastrophe, il reste encore 3000 valenciens qui n’ont pas récupéré le fonctionnement de leur ascenseur dans leur immeuble. Des centaines de carcasses de voitures se trouvent encore dans la ravine du Poyo (les différentes autorités se rejetant la faute pour ne pas les avoir retirées).

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Si tu souhaites venir t’installer à Valencia, je te recommande de bien regarder les zones potentiellement inondables. Avec le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles seront de plus en plus fréquentes et puissantes.

Autant limiter les risques, en évitant les secteurs sujets aux inondations. Que cela soit en Espagne ou ailleurs.