Fallas, Hogueras, Magdalena. Chaque province de la Communauté Valencienne accueille chaque année une fête emblématique.
À Valencia, il s’agit des Fallas. À Alicante, des Hogueras de San Juan. À Castellón, les Fiestas de la Magdalena.
Ces trois festivités mettent en ébullition la région valencienne, attirant chaque année une foule nombreuse venant d’Espagne et d’ailleurs.
S’il y a parfois quelques similitudes, chacune de ces festivités possède sa propre histoire, ses traditions et son calendrier.
Index
Les Fallas de Valencia
Je ne vais pas m’attarder trop longtemps ici sur les Fallas de Valencia. Tu peux déjà trouver sur Expat Valencia, de nombreux articles concernant ces célèbres festivités valenciennes.
Je te recommande la lecture de ces deux articles en particulier, si tu ne veux pas rater la prochaine édition :
Ne pas rater : les Fallas en mars à Valence
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Les Hogueras de San Juan, à Alicante
Les Feux de Saint Jean (en valencien, Fogueres de Sant Joan) sont les festivités organisées à Alicante du 20 au 24 juin.
Il s’agit des festivités officielles de la ville, déclarées d’intérêt touristique international en 1983 et de patrimoine culturel immatériel en 2014.
Un valencien pourrait résumer les Hogueras de San Juan, comme « un plagiat des Fallas organisé en juin ».
Objectivement, il est vrai qu’il y a des similitudes troublantes. Cela prouve que l’idée était bonne 🙂
Origine et histoire
À Alicante, le rite du feu de joie a traversé les siècles, comme dans de nombreuses autres régions.
La Saint Jean était une fête agricole. Les paysans célébraient alors, le jour le plus long de l’année pour récolter et la nuit la plus courte pour détruire les fléaux.
Dans les faits, la nuit la plus courte de l’année s’observe entre le 20 et 21 juin, en plein milieu des festivités.
Plus tard, cette coutume agricole s’est étendue à la ville d’Alicante. Ainsi, l’on a découvert que les premières preuves documentaires de ces feux de joie remontent à 1822, par une proclamation publiée par le maire de l’époque :
« …qu’aucun feu de joie ne soit allumé dans les rues […] la nuit de la Saint-Jean sous peine d’une amende de 20 à 100 réales. »
Mais en 1881, à la suite d’un malentendu au sein du conseil municipal, on oublia de renouveler ce décret municipal.
Profitant de cette situation, les habitants d’Alicante se sont regroupés dans les rues et ont institué des « fêtes de rue ». On y trouvait des jeux et de la musique, et les premiers « ninots » furent même créés (sur le même principe que ceux de Valencia).
Jusqu’en 1928, ces festivités populaires furent systématiquement interdites par les autorités et contestées par l’aristocratie locale. Eh oui, des pétards, des rires, des chants, cela empêche de dormir tranquillement.
L’on peut encore trouver dans les archives, des plaintes adressées directement au maire de l’époque .
Donc en 1928, la première fête officielle de la ville d’Alicante a eu lieu, à l’initiative de José María Py et de l’association Alicante Attración.
Avec un succès notable puisque plus de 100,000 personnes assistèrent à la Cremá selon le journal local El Día.
L’objectif, d’officialiser les Hogueras, visait à attirer les touristes espagnols, comme à Valence avec les Fallas. Le conseil municipal donna donc enfin son accord.
C’est fou comme un argument pécuniaire peut faire changer les opinions.
Toujours est-il que cette nouvelle festivité fit grincer des dents jusqu’à Valencia, où l’on ne voyait là qu’une pale copie des Fallas. Plagiat ? Hommage ? Querelles de clochers ?
L’organisation s’est développée, l’on mit en place la « barraca » : Un espace délimité installé au milieu de la rue et auquel on accède par une porte allégorique, à l’intérieur de laquelle se déroulent des bals populaires, et où l’on peut festoyer.
Toute ressemblance avec une « carpa » d’un comité fallero est probablement fortuite.
À partir de 1932, les commissions alicantines ont créé un titre honorifique suprême et représentatif ; « La Belleza del Fuego » (Bellea del foc), en somme une « miss » ou « reine de beauté ».
De janvier à avril, chacune des Hogueras de la ville choisit sa Bellea Mayor et sa Bellea Infantil, ainsi que plusieurs demoiselles d’honneur. Elles représenteront leur commission tout au long de l’année.
La Bellea del Foc est choisie parmi les près de 80 représentantes lors d’une cérémonie organisée début mai.
Ici encore, toute ressemblance avec les falleras valenciennes, est sûrement fortuite. Puisqu’en 1931 Valencia avait élu sa première « Reina Fallera », qui se transforma en 1932, en « Belleza fallera ».
Il faudra attendre 1933 pour voir apparaître le titre de Fallera Mayor à Valencia.
En 1937 et 1938, la guerre civile espagnole mit en parenthèse cette festivité. Il faut attendre 1939 pour voir une timide reprise, avec une seule Hoguera. À partir de 1940, les festivités repartent de plus belles, jusqu’en 2019.
Le Calendrier des Hogueras
Les Hogueras débutent donc le 20 juin (avec la Plantà) et s’achèvent la nuit du 24 juin (avec la Cremà). Soit, 5 jours de festivités, avec les animations habituelles et traditionnelles.
En fait, les festivités commencent réellement, à partir du jour du Défilé de la Proclamation (début juin), mais il faut attendre le 20 juin pour assister à la semaine la plus animée d’Alicante.
Le « Pregón » : L’événement qui donne réellement le coup d’envoi des Hogueras. À la suite du défilé, l’on proclame le lancement des festivités depuis le balcon de la mairie d’Alicante.
Exposition des Ninots : La date d’inauguration varie selon les années, mais globalement l’exposition se déroule de mi-mai jusqu’à la veille du Pregón. Vous pouvez également voter pour vos sculptures préférées (un ninot adulte et un ninot infantile), et peut être ainsi les sauver des flammes de la Cremà.
Si vous avez des enfants et que vous cherchez une idée sortie pour le week-end, c’est une activité à noter dans votre agenda 🙂
Défilé des Ninots : Le lendemain du lancement des Hogueras, les membres des différentes commissions d’Alicante défilent déguisés. Le thème des déguisements de chaque commission est en rapport avec celui de la Hoguera.
Les Mascletas : de mi juin au 24 juin, chaque jour à 14h, vous pouvez assister aux mascletas, impressionnant et bruyant spectacle pyrotechnique, Plaza de los Luceros à Alicante .
Les Hogueras :
- Le 20 juin est le jour le plus « calme ». Les Hogueras sont instalées dans les rues d’Alicante, ainsi que les Barracas. À 14h la traditionnelle mascletà (spectacle pyrotechnique assourdissant), Plaza de los Luceros. En soirée, il y a des bals populaires et une mascletá nocturne.
- Le 21 juin, est le jour des hommages. Hommages à Gabriel Miró, célèbre écrivain espagnol originaire d’Alicante, et à José Maria Py, fondateur des Hogueras. Ce dernier est arrivé à Alicante en 1922, après avoir vécu à Valence pendant plus de 25 ans où il a participé à plusieurs commissions Falleras et a même participé à l’installation de deux Fallas en 1917.
On comprend donc mieux pourquoi les Hogueras ressemblent tant aux Fallas 🙂
Le 21 juin est également, le premier jour de l’Offrande à la Vierge (Ofrenda a la Virgen del Remedio ). Un défilé des différentes commissions pour fleurir la statue de la Vierge. Par contre Alicante peut se prévaloir d’avoir eu l’idée avant Valencia. L’Ofrenda d’Alicante daterait officiellement de 1941 et celle de Valence de 1945.
- Le 22 juin est le second jour de l’Ofrenda a la Virgen del Remedio.
- Le 23 juin est le jour du Défilé Folklorique International. Des représentants de nombreux pays défilent en portant leurs costumes traditionnels et en dansant des danses traditionnelles.
Et cela n’existe pas dans les Fallas de Valence ! Raison de plus d’aller à Alicante pour y assister.
- Le 24 juin, le jour de la Cremá. Point d’orgue des Hogueras d’Alicante.
À minuit, a lieu la « Palmera », un feu d’artifice en forme de palmier, tiré sur les hauteurs d’Alicante depuis le château de Santa Bárbara . Il donne le coup d’envoi de la Cremá. C’est à dire l’incendie de l’Hoguera de la Plaza del Ayuntamiento d’Alicante, puis celui des autres hogueras.
À noter qu’à Valencia c’est l’inverse, la Falla de la Plaza del Ayuntamiento est la dernière à finir dans les flammes.
Particularités
Lors de la Cremá, il est de coutume de se faire arroser par les pompiers surveillant la combustion de l’hoguera : la banya.
D’un point de vue gastronomique, le plat phare des Hogueras est la « coca amb tonyina » ou « empanada de atún », une sorte de chausson au thon.
À l’instar des Fallas valenciennes qui se déroulent aussi dans de nombreuses communes autour de Valence, les Hogueras d’Alicante se déroulent également dans de nombreuses communes de la province d’Alicante : Denia, Javea, Calpe, Benidorm, Torrevieja, Guardarmar del Segura…
Bien évidemment à une plus petite échelle et avec des moyens plus limités.
Pour en savoir davantage, tu peux aussi consulter deux sites officiels :
Les Fiestas de la Magdalena, à Castellón.
La troisième fête mémorable de la Communauté Valencienne, et probablement la plus ancienne.
Origine et histoire
Les Fiestas de la Magdalena célèbrent la fondation de la ville de Castellón de la Plana en 1252.
À l’initiative de Jaime 1er (Jacques 1er), les futurs habitants de Castellón descendirent par une nuit pluvieuse (le troisième samedi du Carème) de la montagne de la Magdalena, pour rejoindre la plaine littorale et établir la nouvelle cité de Castellón.
Voilà ce que dit la légende :
Cette nuit-là, les femmes, les enfants, les autorités ecclésiastiques avec le Christ couché, alors patron de la ville, et les autorités provinciales des Jurats nouvellement constitués devaient s’installer dans la ville nouvellement construite dans la plaine en contrebas.
Comme à pied cela prend du temps pour rejoindre la plaine, ils ont accroché des lanternes (gaiatas) à des bâtons pour s’éclairer, et attaché les enfants avec des cordes pour qu’ils ne se perdent pas en chemin.
Une belle et longue randonnée nocturne.
Ils auraient pu faire le voyage de jour, mais l’histoire aurait été moins intéressante à conter.
La randonnée, cela creuse. Alors ils pensèrent à prendre des provisions. Et notamment des pains ronds (les rotllos) avec un trou au centre pour les accrocher autour du cou afin de faciliter le transport.
L’invention du donut géant de Castellón. Par un temps pluvieux, moi j’aurais mis les pains dans un sac pour les abriter des intempéries, mais l’histoire aurait été moins intéressante à conter.
Au milieu de la nuit, les anciens habitants furent en plus confrontés à une forte tempête, qui les a obligés à ramasser les roseaux trouvés sur leur chemin pour traverser à sec les torrents d’eau rencontrés en chemin.
Les villageois passaient la nuit en plein air dans la zone de ce qui serait aujourd’hui l’ermitage de « Sant Roc de Canet ».
Au petit matin, ils arrivèrent trempés et fourbus, aux portes du village et furent accueillis à l’une des portes de l’enceinte fortifiée par le lieutenant du roi. Castellón de la Plana était né.
En fait le site était déjà occupé à l’époque ibère et musulmane. Ces derniers furent d’ailleurs « gentiment » expropriés et expulsés en 1247 pour laisser la place aux chrétiens, mais la légende aurait été moins belle.
Quelques années plus tard, l’ancien château fut laissé à l’abandon et un ermite s’installa dans les ruines, dédiant ses prières en l’honneur de Sainte Marie Madeleine.
À la mort de l’ermite, les habitants décidèrent de lui rendre hommage, en organisant une procession depuis Castellón jusqu’au futur ermitage. Le retour se fit sous une grosse averse. Cela ne vous rappelle rien ? Outre que le temps est capricieux parfois à Castellón.
Toujours est-il que de nos jours encore les lanternes (gaiatas), les pains ronds (rotllos) et les roseaux (cañas) sont incontournables des festivités de la Magdalena.
Pour trouver trace du déroulement actuel des festivités, il faut remonter en 1945, sous le régime franquiste.
Cette année, on décida de remettre aux goûts du jour cette fête populaire. Deux camps s’opposèrent alors sur la direction à donner : Un retour aux sources avec une procession de lanternes, ou bien s’inspirer des Fallas Valenciennes (découpage de la ville en commissions, nommer des Reines de Beauté, et détruire les lanternes dans les flammes).
Après un vote et de nombreuses discussions, on décida d’un retour aux sources, de créer des commissions et de nomination de Reines de Beautés.
Par contre, afin de clore le débat, un homme Antonio Pascual Felip imposa sa vision : « La lanterne est une explosion de lumière sans feu ni fumée ». Exit le bûcher à la valencienne.
Pour la date des festivités, on fixa le 3ᵉ dimanche de Carème pour l’inauguration, et la fin une semaine plus tard. Les Fiestas de la Magdalena peuvent donc se dérouler en février, mars ou avril selon les années.
Ainsi en 2008, elles se déroulèrent du 23 février au 2 mars, et en 1981 du 28 mars au 5 avril.
En 2024, cela se déroule du 2 au 10 mars, juste avant les Fallas de Valencia donc.
Le Calendrier de la Magdalena
Cette semaine de festivités peut se découper en 3 parties.
La première partie commence donc le 3ème samedi de Carème par la Cabalgata del Pregó (La chevauchée de la proclamation). Il s’agit d’un long défilé festif, folkorique, historique et populaire dans le centre de Castellón. Traditionnellement, il débute à 16 heures et s’achève vers 22 heures.
À intervalles réguliers, le « pregoner » chante l’hymne officiel composé en 1947 par le poète Bernat Artola.
La soirée se termine par un spectacle pyrotechnique et comme toujours en musique 🙂
Le lendemain, donc le dimanche, c’est la grande journée de la Magdalena. Cela débute dans un grand réveil pétaradant à 6h30 du matin (la despertá), suivi par le son de la cloche du Fadri.
Ce n’est pas le bon jour si on veut rester au lit.
La journée s’enchaine avec plusieurs processions : la procession des roseaux depuis Castellón vers l’ermitage de Sainte Madeleine (Romería de las Cañas), ensuite la procession depuis l’ermitage jusqu’à Castellón (La Tornà de la Romería) et enfin la procession des pénitents.
Cette longue journée se termine par le défilé des lanternes, les 19 commissions (gaiatas) parcourant la ville.
Toutes les « gaiatas » défilent accompagnées d’un groupe de musique (banda) de la province, interprétant uniquement le « Rotllo i Canya », l’hymne officiel et populaire des festivités de la ville.
Le défilé se termine par l’apparition de la « Gaiata de la Ciutat », la « gaiata major » gagnante du concours de l’année précédente, accompagnée de sa cour et des membres du comité des fêtes.
Le lundi étant férié à Castellón, les habitants en profitent généralement pour sortir au restaurant ou s’amuser en famille. C’est aussi la journée dédiée au défilé des chars décorés et de la cabalgata infantil.
La seconde partie peut alors débuter. Elle est plus désordonnée. Concours de mascletas, concerts, bals populaires, spectacles, foire gastronomique. Il y a de tout, partout et tout le temps.
La troisième partie débute le samedi, avec le retour d’actes officiels.
Le samedi est organisé l’Offrande à la Vierge du Micocoulier (Virgen del Lidón).
Ce qui est certain c’est qu’il s’agit d’une offrande à la Vierge. Par contre, l’origine du mot Lidón porte à débat, certains disent que cela viendrait du Micocoulier (Lodón), d’autre du latin Lug (monticule, comme dans Lugdunum, Lyon). Dans les faits, les hommes des différentes commissions réalisent un tapis de fleurs aux pieds de la Sainte Vierge. Cela change un peu des offrandes de Valence et Alicante.
Le dimanche, les festivités s’achèvent par une « traca », un parcours pétaradant et explosif dans les rues de Castellón. Celui-ci se termine Plaza Mayor, devant le balcon de la mairie.
Les Reines de la Magdalena crient alors à la foule « Magdalena » et la foule crie en retour « Vito ».
Cela déclare officiellement les festivités comme terminées. Très émouvant.
Particularités
De nos jours, on ne met plus les « rotllos » autour du cou. Lors de la procession des roseaux, on a pris l’habitude de les attacher à la cane en roseau. À priori, cela n’empêche pas de marcher.
Pour en savoir davantage et avoir le programme complet :
Merci pour votre travail, c’est plus complet que les sites officiels !!! surtout sur Alicante, bon,rendez vous au 100 montadidos à la plage postiguet pour una cerveza !!! cordialement. Alain